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Intelligence Auto n°66 – Janvier 2024

2 millions de voitures neuves en 2024 : est-ce un objectif atteignable ?

17/01/2024

Temps de lecture : 8 minutes
  1. L'édito


    La formidable reprise constatée en 2023 vient clôturer un cycle commercial difficile pour le marché des voitures neuves. Du côté de l’occasion, les transactions sont au plus bas entre pouvoir d’achat en berne et manque de véhicules à vendre. 2024 s’annonce bien différente avec de réelles perspectives de croissance toutefois entravées par des difficultés rémanentes.

Les chiffres du véhicule neuf

  1. Baromètre Marché Immatriculations - Décembre 2023

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Baromètre du Marché des Immatriculations en décembre 2023
  1. 2023, ANNÉE DE RATTRAPAGE POUR LE MARCHÉ DES VOITURES NEUVES


    Rallye électrique en décembre

    La fin d’année se termine sur un rallye de commandes et d’immatriculations de véhicules électriques. Le mois de décembre ressort ainsi à 181 005 immatriculations (+ 15%), en comparaison des contre-performances de décembre 2022 et 2021. Le marché a quasiment retrouvé un niveau standard.

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L’immatriculation des voitures neuves du mois de décembre par année
(en volume)

  1. 2023 : Le marché du neuf retrouve des couleurs

    Avec 1,8 million d’immatriculations de voitures neuves, 2023 traduit un net rebond du marché automobile français (+ 16%) après une année 2022 difficile.
    À noter d’ailleurs que la base de comparaison diffère légèrement, l’année 2022 ayant comporté deux jours ouvrés supplémentaires.

    Pour rappel, en 2022, le marché français avait plongé de 8%, pour atterrir à 1,5 million de voitures neuves immatriculées, plus faible volume enregistré depuis 1974. 2022 faisait suite à l’exercice 2021, fortement pénalisé par la pénurie de composants électroniques et bien sûr, à l’année 2020, écrasée par le joug de la crise sanitaire.

    La reprise constatée en 2023 vient donc clôturer un cycle commercial difficile pour le marché automobile en France. Il faut s’en réjouir car toutes les planètes n’étaient pas parfaitement alignées pour arriver à cette situation. Ainsi, la guerre en Ukraine n’incite guère à la confiance et la pression sur le pouvoir d’achat des ménages a été accentuée par une inflation marquée. Par ailleurs, les prix des véhicules neufs ont continué à augmenter sous l’effet de l’électrification et des stratégies des constructeurs pour respecter les contraintes environnementales (CAFE) et soigner des résultats financiers souvent flatteurs.

    Pour nuancer la vigueur de cette croissance, il faut rappeler que les portefeuilles des constructeurs et des distributeurs étaient bien garnis en début d’année, après les problèmes de production et de livraisons des années précédentes. Pourtant le niveau des commandes dévisse depuis plusieurs mois et inquiète de nombreux professionnels à l’heure de faire des prévisions pour 2024. C’est assurément l’un des grands points de vigilance pour l’année qui s’annonce.


  1. L’électrification à un niveau jamais atteint précédemment

    Forte demande de voitures électriques qui atteint un niveau jamais vu auparavant. Les véhicules 100 % électriques neufs (BEV) ont enregistré la plus forte croissance (+ 47% en 2023 à 17% de parts de marché), tandis que le diesel continue de s’effacer inexorablement (- 28% avec une part de marché qui s’abaisse au niveau de la barre symbolique des 10%). En décembre, on a assisté à un véritable rallye sur l’électrique avant la fin du bonus avantageux dans sa version 2023. Ainsi, les immatriculations de VE ont fait un bond de + 50% pour atteindre 21% des ventes. Du jamais vu. Il en résulte que Tesla et MG, exclus du bonus 2024, sont propulsés dans le top 20 des marques en décembre. MG s’appuie sur les loueurs courte durée pour écouler la moitié de ses volumes.

    Depuis le début de l’année, l’essence tient ses positions, avec plus d’un tiers de parts de marché (36%), tandis que les hybrides progressent fortement (+ 34%). Les HEV et MHEV ont progressé respectivement de 35% et 24% pour 14% et 10% de parts de marché. En outre, les hybrides rechargeables (PHEV) restent à hauteur de 9% de parts de marché, toujours privilégiées par les clients professionnels.

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Immatriculations des Voitures Particulières Neuves (VPN) par motorisation
(en pourcentage et % en Variation)

  1. À l’inverse, le périmètre des véhicules 100 % électriques (BEV) est surtout porté par les clients particuliers. Sur le segment des particuliers, les BEV font ainsi valoir environ 23% de parts de marché. Une typologie de clientèle qui a quasiment tourné le dos au diesel (5% de parts). Dans les achats automobiles des particuliers, plus d’un véhicule sur deux est désormais électrifié. Mais les évolutions prévues en 2024 changeront probablement la donne. Avec un bonus écologique 2024 revu à la baisse (4 000 € au lieu de 5 000 €), les ventes de véhicules électriques pourraient être impactées par la réforme des critères d’attribution du bonus écologique présentée en septembre 2023 (prise en compte des émissions globales de CO₂ y compris pendant la phase de production des véhicules). Selon une étude récente de AAA DATA, plus de 100 000 immatriculations sortiraient du champ du bonus, sur les futurs volumes vendus en 2024. Alors qu’une grande majorité des achats de voitures électriques neuves (80%) ont bénéficié du bonus en 2023, l’année prochaine, ils pourraient devenir minoritaires (41%, toutes choses égales par ailleurs).

    Autre évolution importante attendue en 2024 : la mise en place, dès le 1er janvier, du leasing social , soit la possibilité pour les ménages modestes de louer un véhicule électrique pour 100 € par mois, afin d’encourager le report vers l’électrique.

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Les grands gagnants de l'électrification du marché en décembre 2023
(en volume)

  1. Les ménages optent pour le leasing : un achat sur deux

    À propos d’année pivot, 2022 avait confirmé l’essor des produits financiers de leasing, notamment avec un mois de décembre où les solutions locatives (location avec option d’achat et location longue durée) avaient représenté 51% des ventes de VN pour les particuliers, une première. L’exercice 2023 est venu accentuer cette tendance, en décembre, le leasing des particuliers représente 57%, au détriment de l’achat comptant/crédit classique (43%). À noter que cet engouement pour les solutions locatives se propage au marché des voitures d’occasion, avec déjà 4% des transactions, soit 193 570 unités. Le leasing soutient les ventes.

    SUV : tout sauf d’éphémères blockbusters

    Malgré les récentes polémiques, les SUV gardent le vent en poupe. Leur position haute de conduite et leur aspect sécuritaire plaisent au plus grand nombre et cette silhouette fait désormais jeu égal avec les incontournables berlines. En décembre, les SUV ont même représenté 47% du marché français des véhicules neufs, devant les berlines (44%) et les autres catégories. Sur le segment des clients particuliers, les berlines devancent toutefois encore les SUV.

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N°1 des ventes des SUV neufs selon leur segmentation
(en volume)

  1. Les nouveaux entrants misent sur l’électrique

    Les grandes mutations de la filière automobile ouvrent des opportunités à de nouveaux acteurs pour prendre pied sur le marché. Cependant, sur un marché historique comme la France, de surcroît caractérisé par des constructeurs domestiques de premier ordre (le top 4 constitué de Renault, Peugeot, Dacia et Citroën pèse toujours plus de 45% du marché global), les glissements de terrain sont progressifs. Si la tendance de fond n’est pas à sous-estimer, l’implantation des nouvelles marques a peut-être été surexposée. Dans les faits, seule la marque MG a réussi une implémentation remarquable, avec 2% de parts de marché à fin 2023, soit près de 3 fois plus qu’un an auparavant.

    Si on accepte de considérer Tesla comme une nouvelle marque, on constate que la firme d’Elon Musk s’approprie environ 3,5% du marché global.

    Dans les deux cas, ces nouveaux entrants jouent la carte de l’électrique. De quoi se projeter dans quelques années avec des marques comme BYD ou Leapmotor au même niveau, voire au-delà pour la première nommée. Sans perdre de vue que d’autres marques ont programmé leur arrivée sur le marché français.

Les chiffres du véhicule d'occasion

  1. LE MARCHÉ DES VOITURES D’OCCASION À SON PLUS BAS NIVEAU



    Le marché des voitures d’occasion, stigmate du vieillissement du parc roulant

    En 2023, le marché des voitures d’occasion est resté atone. Avec 5,2 millions de transactions (en baisse - 0.2%), il a atteint son plus bas niveau depuis 2018. Cependant, décembre annonce-t-il la tendance de 2024 avec une croissance significative à + 8% à 438 778 unités ?

    La flambée des prix qui avait été constatée ces dernières années est aussi retombée, les prix moyens revenant à des niveaux plus traditionnels, malgré une professionnalisation notable du marché.

    Deux éléments structurels méritent d’être mis en exergue. D’une part, par rapport à la forte inflation des prix des véhicules neufs, de nombreux clients s’en détournent, préférant porter leur choix sur un VO récent, même si ces modèles sont parfois rares et prisés. C’est un des facteurs qui permet d’expliquer que le marché du VN ne retrouve pas ses volumes d’avant-crise et a peu de chances de le faire à moyen terme. D’autre part, malgré la prise de conscience environnementale à l’œuvre dans nos sociétés, ce sont bien les motivations budgétaires qui dictent les choix des ménages. Sur l’année 2023, les transactions de voitures d’occasion de plus de 10 ans progressent encore de 1% pour représenter 48% du marché. Les VO de 5 à 10 ans enregistrent une croissance de 3%, à 21% du marché. Le matériel récent, de moins de 5 ans, perd encore 4%, à 31% du marché. On touche ici du doigt un sujet de société pour concilier une mobilité accessible au plus grand nombre et de très bonnes performances environnementales.

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Évolution des transactions de voitures sur le marché de l’occasion, de 2018 à 2023
(en volume)

Les différents marchés du véhicule : panorama

  1. BELLE FIN D’ANNÉE POUR LES MARCHÉS DU NEUF ET DE L’OCCASION


    Les marchés des véhicules neufs finissent bien l’année avec une dynamique à 2 chiffres. À l’exception des marchés impactés par la saisonnalité que sont les 2 roues et l’agricole. Concernant les transactions d’occasion, tous les marchés finissent l’année dans le vert, à l’exception des cyclos qui perdent de plus en plus de terrain auprès des jeunes.

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DÉCEMBRE 2023 : LES MARCHÉS DES VÉHICULES NEUFS FINISSENT BIEN L'ANNÉE, HORS 2 ROUES ET AGRICOLES
(en volume, % en variation)
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DÉCEMBRE 2023 : LES MARCHÉS D'OCCASION DANS LE VERT, HORS CYCLOS
(en volume, % en variation)

Focus

  1. 2 MILLIONS DE VPN EN 2024 : EST-CE UN OBJECTIF ATTEIGNABLE ?


    En 2023, le marché des voitures neuves a atteint 1,8 million d’immatriculations. Avant la crise de 2020 le marché flottait autour des 2 millions de voitures neuves. Ce cap est-il atteignable pour 2024 ?

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Évolution des transactions de voitures sur le marché du neuf, de 2018 à 2023
(en volume)

  1. Des perspectives de croissance entravées par des difficultés rémanentes

    En effet, l’année passée, le marché était en phase de rattrapage, à la suite d'une année 2022 catastrophique. En conséquence, les taux de croissance mensuels des ventes étaient bien souvent à 2 chiffres. Va-t-on revoir cela en 2024 ? C'est peu probable. Toutefois, un certain nombre de facteurs indiquent que le marché devrait poursuivre sa croissance. Alors que d'autres éléments pourraient la freiner.

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2024 : Des perspectives de croissance entravées par des difficultés rémanentes

  1. Parmi les moteurs du marché, on compte sur le contexte économique plus favorable et notamment le regain de pouvoir d’achat des ménages (stabilisation des taux d’intérêt, désinflation engagée, poursuite de la hausse des salaires).

    Du côté des freins, la baisse des commandes est le principal sujet d’inquiétude. En effet en 2023, c’est le retard des livraisons antérieures qui a assuré ce formidable essor des immatriculations. La situation est bien différente en 2024 puisque les commandes passées en 2023 sont plus faibles que celles de l’année précédente (- 9% selon le CCFA). Lueur d’espoir, fin 2023, un frémissement dans les commandes a été observé. Préfigure-t-il la tendance de 2024 ?

    Autre sujet de préoccupation, la réduction du périmètre du bonus écologique. C'est une vraie question, car jusqu'à présent, les ventes de voitures électriques ont été largement subventionnées par le bonus écologique. Avec la réduction du périmètre du bonus lié au score environnemental du modèle, les constructeurs vont-ils prendre le relais, proposant des tarifs ou des remises attractives. Certaines marques proposent déjà des modèles avec un leasing à moins de 100€. 2024 devrait être la première année où les prix des véhicules électriques amorcent une baisse.

    Entre moteurs et freins, on estime que le marché ne devrait pas retomber sous la barre de 1,8 million de voitures neuves (hors événement exceptionnel). La croissance des ventes de voitures neuves devrait se poursuivre mais à un rythme nettement moins fort. Pas de croissance à 2 chiffres pour 2024. Les ventes de voitures électrifiées (hybrides et électriques) continueront à assurer la dynamique du marché. Alors que les voitures thermiques et surtout le Diesel amorcent leur repli notamment en raison du « verdissement » des flottes d’entreprises.

    Le marché d’occasion qui constitue le premier vivier de voitures avec 86% des ventes globales de voitures, est quant à lui plus sensible à la flambée des prix des carburants, les ZFE avec des véhicules qui sont exclus et aux différentiels de prix entre thermiques et électriques. En outre, le trou d’air de 2020 et la chute de la production des voitures neuves se propagent progressivement sur le marché de l’occasion. En revanche, l’amélioration du pouvoir d’achat, le nouveau bonus/malus, et le permis à 17 ans dynamisent les transactions d’occasion. En 2023, le marché du VO était atone. En 2024 on estime qu’il ne devrait pas connaître de baisse mais plutôt une croissance modérée.

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